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26 août 2013

S. Goyard-Fabre, "La Textualité du droit. Étude formelle et enquête transcendantale", Cerf, 2012

Simone Goyard-Fabre
La Textualité du droit
Étude formelle et enquête transcendantale

Paris, Cerf (Humanités), 2012, 384 p., ISBN : 978-2-204-09794-9, 29€

Présentation éditeur
Les textes de droit envahissent, aujourd'hui plus que jamais, notre vie quotidienne: des constitutions aux lois, des codes aux règlements, ils prennent une autorité si forte que, dans leur extrême diversité, ils forment une sorte de canevas régulateur tel qu'il existe bien peu de situations ou d'actions humaines qui lui échappent. Devant ce constat, il n'est pas possible de rester indifférent: si la textualité du droit se présente d'abord comme un objet graphique qu'explore la sémiotique, elle s'offre aussi et surtout comme un objet philosophique dont la sémantique a charge — parmi les termes usités, les symboles, les structures, les accentuations, les constructions syntaxiques, les relations et les opérateurs logiques — de saisir le sens profond. 

La recherche philosophique doit être plus exigeante encore: en effet, par leur manifestation, leur organisation, leur signification, les textes font parler le droit. Aussi bien, par-delà l'analytique formelle qui en scrute l'écriture, l'interrogation qui les soumet à une critique transcendantale livre la fondation première et la fin ultime de la juridicité. À la lumière de cette enquête transcendantale, il apparaît que, dans le domaine immense de la production des œuvres de l'esprit, la textualité du droit ne procède pas — à l'instar du problème scientifique, de l'énigme littéraro-poétique ou du mystère théologique — de l'irréductibilité d'un type «sui generis» d'écriture; elle n'est possible et valide que si elle plonge ses racines dans le terreau de la «philosophie première» qui lui apporte ses présuppositions et ses exigences fondamentales. Voilà qui permet de comprendre enfin que le conflit séculaire entre le droit et la philosophie n'a pas lieu d'être.

Auteure
Simone Goyard-Fabre est professeur émérite à l’université de Caen. Elle a consacré son œuvre, pour l'essentiel, à la philosophie du droit dont elle pense que les requêtes doivent répondre aux exigences fondamentales de la «philosophie première».

English Abstract
Nowadays, more than ever, our daily lives are invaded by legal texts - from constitutions to laws, from codes to regulations - they have taken on such overpowering authority that, in their vast diversity, they form a sort of supervisory framework, to the extent that very few human activities are not, in some respect, subject to them. It is impossible to remain indifferent to this situation: for although the textuality of law initially appears to be a graphic object examined by semiotics, it is also – and above all – a philosophical object whose semantics are taxed with grasping the deeper meaning of its common terms, symbols, structures, accentuations, syntactic constructions, relations and logical connectives. 

Philosophical research should be even more demanding, for by their manifest character, organisation and meaning, these texts articulate the law. However, beyond the formal analytics that scrutinize writing, the interrogation that subjects them to a transcendental criticism provides jurisdiction’s basic premise and ultimate purpose. In the light of this transcendental investigation, it would appear that, in the immense realm of the production of works of the mind, the textuality of law does not proceed from the irreducibility of a ‘sui generis’ type of writing; it is only possible and valid if it imbeds its roots in the soil of ‘First Philosophy’, with its presuppositions and basic requirements. Which ultimately enables us to understand why the secular conflict between law and philosophy should not exist.


Table des matières
Avant-propos. Les attendus et considérants d'une question : les rapports du droit et de la philosophie
  • La rencontre de la philosophie et du droit
  • Les textes du droit et la recherche de leur foyer transcendantal
  • Interroger la textualisation du droit pour comprendre le droit

PREMIÈRE PARTIE
UNE ANALYTIQUE FORMELLE DES TEXTES DU DROIT
  • Le droit et le langage: de l'oralité à la textualité
1. Une «typique» des figures textuelles du droit
  • La Constitution
  • Les textes de loi et les articles des codes
  • Les décrets, ordonnances, circulaires
  • Les arrêts de jurisprudence
  • Les ouvrages de doctrine
2. Une «topique» des textes juridiques
  • La problématicité scientifique et les textes du droit
  • L'écriture littéraro-poétique et les textes du droit
  • Les livres théologiques et les textes du droit
  • Les œuvres philosophiques et la textualisation du droit
3. Une «sémiotique» des textes du droit
  • Les capacités novatrices de la sémiotique des textes: les critères formels de l'authenticité du droit
  • Les limites de l'analyse sémiotique des textes: son impossible création conceptuelle

SECONDE PARTIE
UNE CRITIQUE TRANSCENDANTALE DE LA TEXTUALITÉ JURIDIQUE
  • Les perspectives sémantico-pragmatiques de la textualité juridique
1. Les chemins catégoriaux et conceptuels de l'appareil textuel du droit
  • Le dispositif catégorial des textes du droit
  • La texture conceptuelle du droit
  • Textualité juridique et communication
2. Critique textuelle et interrogation principielle
  • Une investigation de type critique
  • La normativité et la modélisation noétique du droit
  • La normativité et l'obligatoriété des énoncés juridiques
3. Les conditions transcendantales de la pragmatique textuelle du droit
  • L'instauration transcendantale de l'écriture juridique
  • Le travail des textes et sa logique architectonique «sui generis»
  • La logique immanente des textes
  • L'ordonnancement de la textualisation
  • Le mouvement discursif des textes du droit (instauration, «juris-dictio», interprétation, argumentation)
  • La pragmatique transcendantale des textes du droit
  • Une mise en scène pragmatique
  • Les exigences d'une topique transcendantale

TROISIÈME PARTIE
LES ARCANES PHILOSOPHIQUES DES TEXTES JURIDIQUES
  • Question «de» droit: question «du» droit
  • «Quid juris»? et «quid jus»?
1. Textualité et interrogativité
  • Un tissu de questions et de réponses
  • L'exemplaire inventivité créatrice de la textualité juridique
2. L'erreur des positivismes juridiques
  • Qu'est-ce que le «positivisme juridique»?
  • Le «désenchantement» des textes
3. Le paradigme transcendantal et la sagesse prudentielle des textes
  • Les «principes généraux du droit»
  • Le juste, principe des «principes généraux»: sa transcendantalité
  • Les analyses traditionnelles du juste
  • Re-penser la pensée critique. Le foyer transcendantal du droit
  • Les visées axiologiques et la sagesse prudentielle des textes du droit
  • Conclusion. La synergie secrète des textes du droit et de l'interrogation philosophique
  • Refuser la «déliaison du ciel et de la terre»
    • Bibliographie sélective
    • Index des noms